A la recherche des meilleures
lignées dabeilles
Premier Voyage (5)
Publié en français dans
La Belgique Apicole, 17(6) 1953, p139-140, avec leur permission. Original in the Bee World, 32(1) 49-52, (2) 57-62. |
[ Original in English ]
[ Retour à la Biblio ] [ Second voyage 1952 ] [ Troisième voyage – 1961 ] [ Conclusions des voyages – 1964 ] |
par le Frère ADAM, O.S.B.
Abbaye St Mary, Buckfast, South Devon – Angleterre. Traduction et adaptation française par Georges LEDENT Uccle, Belgique |
La Sicile
Arrivé à Messine, le 19 septembre, nous partions aussitôt pour Randazzo, sur le versant nord de lEtna, région bien connue en apiculture. Il ny a pas tant dannées, on ne pouvait trouver dans toute létendue de lîle que labeille indigène, Apis mellifera var. sicula, mais, ces dernières années, des reines de lItalie septentrionale ont été importées. Si cette importation dabeilles « jaune éclatant » doit, en fin de compte, être profitable à lapiculture en Sicile, est une question non encore résolue. Une autorité bien connue de Rome exprimait des doutes et une profonde inquiétude à ce sujet. Dans le voisinage de Randazzo nous navons trouvé que des métis, et suivant informations reçues, il en irait de même pour tout le nord-est de lîle. Mais en venant à Randazzo, nous envisagions surtout de prendre contact avec le Cav. P.A. VAGLIASINDI, lautorité apicole la plus qualifiée de Sicile. Sur son conseil, nous partions pour le secteur sud-est extrême de la Sicile, pour Noto et Raguse, région où abonde le caroubier (Ceratonia siliqua). Tous les ans, quand le caroubier fleurit, en octobre cest un afflux de colonies quon descend des collines avoisinantes. Le caroubier est une des sources les plus généreuses de nectar. Lors de notre visite, les arbres étaient en boutons et la migration des apiculteurs navait pas encore commencé si bien que nous avons manqué une chance unique de nous documenter sur lampleur des variantes dans les caractères des lignées siciliennes pures. Nous pûmes néanmoins nous assurer quelques spécimens de reines siciliennes pures dans la région.
La sicula a la réputation dêtre fort apparentée à labeille tunisienne, sans que, pour autant que nous sachions, la chose ait été établie définitivement. Au moment de notre visite, il était fort malaisé de se faire une idée des caractères généraux de la sicula . Cétait au terme de la longue sécheresse estivale, les pluies dautomne navaient pas encore commencé et la grande miellée de caroubier non plus. Aussi toutes les colonies étaient-elles au point le plus bas. Pratiquement, le couvain était absent des colonies que nous examinâmes et, dans chacune, les provisions étaient presque épuisées. Notre conclusion nen est pas moins que labeille sicilienne indigène doit posséder une énergie extraordinaire et une longévité exceptionnelle, sans quoi elle ne survivrait pas aux longues périodes de famine. Elle a la réputation davoir mauvais caractère; nous avons pu en manier sans protection aucune tout au moins les colonies examinées dans les régions de Noto et Raguse. Par contre, nous sommes tombés en Sicile Centrale sur certaines colonies terriblement méchantes. On nous a assuré que la sicula est peu encline au pillage, voire ne pillerait pas du tout ce qui, si cest vrai, serait un trait fort précieux. Ce nest que lépreuve à nos ruchers qui révélera les vraies propriétés de cette abeille et déterminera, et son mérite comme productrice de miel dans ce pays, et sa valeur possible en vue du croisement.
Dans beaucoup dendroits de la Sicile, on fait de lapiculture aussi primitive quelle dut lêtre, pour autant que nous le sachions, dans la lointaine antiquité. Par-ci, par-là, on trouve des cadres mobiles, mais la majorité des colonies est hébergée en caisses à rayons fixes. Elles sont confectionnées, soit en bois, soit, plus souvent, en tiges de fenouil géant (Ferula thyrsifolia), doù le nom des ruches : « férula ». Les tiges ont environ 4 centimètres de diamètre et sont extrêmement légères, comme du bouchon dont elles ont très certainement la capacité isolante. Construites en bois, ou en fenouil, les caisses ont environ 25 cm de côté et environ 75 cm de long. Les deux extrémités sont fermées par une planche bien ajustée. Lespace occupé par les abeilles peut être réduit, si nécessaire, en enfonçant la planche de derrière vers le centre de la ruche. Ces caisses sont invariablement empilées, cinq lune sur lautre en général et il arrive que jusquà vingt piles soient mises côte à côte, formant un bloc énorme. Un abri ouvert, en pierres, toit de tuiles incliné, donne la protection nécessaire contre le soleil et la pluie. Toutes les manipulations se font vers lavant : les caisses sont tirées et remises en place suivant nécessité. A la récolte, les abeilles ne sont pas détruites mais seulement refoulées à lavant au moyen de fumée. La ruche « ferula » est typiquement sicilienne et, à notre connaissance, ce mode de construction ne se trouve nulle part ailleurs.
La flore nectarifère de Sicile est nettement subtropicale. Les sources principales sont : citronnier, oranger, mandarinier, acacia et caroubier, thym de montagne et oléandre, plus un certain nombre de sources de moindre importance.
publié en français dans
La Belgique Apicole, 17(6) 1953, p139-140, avec leur permission. Original in the Bee World, 32(1) 49-52, (2) 57-62. |
[ Bibliographie ]
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par le Frère ADAM, O.S.B.
Abbaye St Mary, Buckfast, South Devon Angleterre. Traduction et adaptation française par Georges LEDENT Bruxelles, Belgique |