Méthode d’élevage des reines du Frère Adam

Anecballie – Point de vue du Frère Adam

Anecballie


Frère ADAM

Extrait du livre Ma Méthode d’apiculture,
1978, p 49-91
Traduction de Meine Betriebsweise
Passages concernant l’anecballie.
[Retour à la Biblio]
[Elevage : Chapitre complet]
Adaptation française
par Paul FLORENCE

Influence de l’hétérosis sur l’anecballie

Il faut se rendre compte que l’hétérosis ne renforce pas seulement les caractéristiques désirables, mais également celles qui sont indésirables. Parmi ces dernières, il faut ranger la tendance à l’essaimage. Un instinct fondamental comme celui-là tend à dominer sur tous les autres caractères, ce qui fait qu’un premier croisement gaspille souvent ses exceptionnelles qualités en essaimant de manière incontrôlable. Cependant, cette tendance irrépressible à l’essaimage est nettement modifiée en F2, ce qui laisse le champ pleinement libre aux qualités économiquement importantes. L’essaimage représente clairement une disposition héréditaire exclusivement limitée à l’abeille.

On comprendra mieux les éventuelles conséquences économiquement négatives de l’hétérosis, et son rapport avec l’essaimage, à la lumière de cet exemple tiré de mon expérience pratique. A une époque, nous faisions des essais avec un premier croisement (des reines issues d’une lignée suisse bien connue croisées avec nos propres mâles), et cette année-là, la récolte moyenne par colonie s’était élevée à 45 livres; mais le premier croisement n’avait récolté que 22 livres. Cette différence énorme était due presque entièrement à la tendance excessive à l’essaimage de ce croisement particulier, en dépit du fait que la ruche mère avait une grande réputation de non essaimeuse, dans son pays d’origine. Cet exemple montre que la différence de valeur économique, résultant d’une tendance extrême à l’essaimage, peut être d’une sérieuse amplitude. C’est pourquoi, lorsque nous avons affaire à une ruche inconnue, nous nous sommes donné pour règle, à Buckfast, d’essayer de tels croisements d’abord sur une petite échelle. Nous agissons de même lorsque nous savons par expérience que dans tel cas l’hétérosis accentuera indûment l’instinct d’essaimage. Du reste, avec des exemples de ce genre, il semble n’y avoir rien à gagner par une sélection large basée sur un grand nombre de colonies lors du premier croisement. D’après nos constatations, les exemples ci-après sont les plus importants dans cette catégorie; mais lors des générations suivantes, que ce soit avec un croisement réciproque ou un accouplement inter se, ils donnent des résultats d’une exceptionnelle valeur économique : reines françaises x mâles Buckfast, suisses x Buckfast, telliennes x Buckfast, carnioliennes x Buckfast. Nous avons la preuve que si l’on utilisait des mâles d’autres races ou lignées, l’instinct d’essaimage serait encore plus accentué dans le cas de chacun de ces croisements.

Un certain nombre de premiers croisements occupent une place intermédiaire. Chez eux, l’hétérosis a une nette influence sur l’essaimage, mais la production n’en est pas défavorablement affectée, comme avec les cas cités auparavant. je classerai dans cette catégorie les reines chypriotes croisées avec des mâles Buckfast, les syriennes x Buckfast, et les caucasiennes x Buckfast.

Les deux derniers groupes font exception : chez eux, l’hétérosis n’affecte pas réellement la tendance à l’essaimage, et nous pouvons donc retirer, dans ces cas, le maximum de bénéfice de l’hétérosis dans un premier croisement. D’après nos constatations, il s’agit de : anatolienne x Buckfast, Buckfast x carniolienne ou grecque; grecque x Buckfast ou carniolienne. D’après mon estimation, seuls ces derniers croisements ont une importance économique pour la majorité des éleveurs. Notre travail expérimental est principalement basé sur la lignée Buckfast; mais il faut peut-être faire remarquer que des résultats assez semblables devraient être obtenus, selon toute probabilité, en utilisant des reines ou des mâles d’origine italienne.

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J‘ai fait remarquer plus haut que la majorité des premiers croisements s’avéraient inintéressants économiquement à cause de leur tendance extrême à l’essaimage, causée par l’hétérosis. Pour les croisements à but utilitaire ne sont à retenir que ceux dont la tendance à l’essaimage ne s’est pas notablement accrue. Avec ceux-ci, l’apiculteur pratique aura tous les avantages de l’hétérosis, en liaison avec les qualités des deux races.

Les premiers croisements ci-après ont donné les meilleurs résultats économiques : Buckfast x carnica, Buckfast x cecropia, anatolica x Buckfast, cecropia x Buckfast, sahariensis x Buckfast. Chez ces croisements apparaissait bien sûr une tendance à l’essaimage plus forte que chez les races d’origine, mais sans qu’elle ait eu une influence notable sur les résultats du travail des abeilles.

Bien que ces cinq premiers croisements aient été pleinement satisfaisants sur le plan économique, il n’y en a qu’un ou deux, en fait, qui puisse entrer en ligne de compte pour une utilisation générale. Ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients; la cecropia, sans doute, trouvera diverses utilisations. Les croisements de cecropia se sont révélés anecballiques, féconds et doux, et conviennent surtout pour des régions à miellée précoce aussi bien que tardive.

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BASES DU RENDEMENT

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4. Paresse à essaimer – Anecballie

Dans la série des qualités de première nécessité, l’anecballie vient en seconde place. Du point de vue de l’apiculteur professionnel, l’anecballie est absolument indispensable. L’essaimage est non seulement antiéconomique parce qu’il cause du travail et de la perte de temps, mais il empêche aussi d’arriver aux plus hauts rendements possibles en miel. L’essaimage est réellement le plus grand obstacle pour une exploitation apicole rentable utilisant les méthodes actuelles. Une race qui aurait toutes les qualités souhaitables, mais qui aurait en même temps une tendance irrépressible à l’essaimage, n’a pas sa place dans une exploitation moderne. Toutes les bonnes qualités sont gâchées par l’essaimage.

Comme je l’ai déjà mentionné, l’élevage permet de très beaux résultats dans l’élimination de la tendance à l’essaimage.

Fécondité, application au travail, résistance à la maladie et anecballie sont, à mon avis, les qualités économiques essentielles. Elles sont à la base de notre élevage. Les qualités dont il va être question maintenant ne sont pas parmi les plus indispensables, mais sont néanmoins d’une grande importance dans l’accomplissement de notre objectif, car chacune d’elles renforce et augmente l’intensité de la capacité de travail définitive.

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Extrait du livre Ma Méthode d’apiculture,
1978, p 49-91
Traduction de Meine Betriebsweise
Passages concernant l’anecballie.
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[Elevage : Chapitre complet]
Adaptation française
par Paul FLORENCE