JG & Co – Part 1, 1er Chapitre –

Jos Guth: Elevage, Qualité des reines d’élevage

 

Elevage, Sélection et
Insémination instrumentale
des Reines d’abeilles

publié en français
par le Syndicat National d’Apiculture,
Paris
, 1990.
épuisé.
par Jos Guth

Jos Guth
Photo Nicolas Schroeder

LU-5460 Trintange
Luxembourg

 

PREMIER CHAPITRE

Elevage — par parties

0.– Préambule

La réussite en apiculture dépend essentiellement de la qualité et de l’âge des reines.  En général, celles-ci sont plus productives au cours de la première année de leur vie et la tendance à l’essaimage est alors très réduite.

Dans notre rucher, les reines sont remplacées après deux saisons.  Dans le cas où elles ne donnent pas satisfaction, on les remplace aussitôt.  L’élevage doit être lié à la sélection de reines de valeur.  Toutes nos reines sont marquées et leurs caractéristiques sont notées dans un carnet.  Elles sont suivies durant toute l’année.

Dans un petit rucher, chaque intervention dans les ruches peut être notée, mais dans les ruchers importants, ceci devient trop long.  Ainsi, on conseille de ne noter, pour chaque colonie, que les caractères positifs.  On retient les critères suivants :

  1. la qualité de l’hivernage et du développement printanier,
  2. la douceur et la tenue de cadre,
  3. le rendement,
  4. la tendance à l’essaimage.

Chaque critère est noté d’une à quatre croix (ou de 1 à 5), selon sa qualité.  L’ensemble des données notées sert à repérer les colonies intéressantes, celles qui vont servir à l’élevage des reines ou des mâles.

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1.– Reines

1.1.  Choix des reines destinées à l’élevage.

L’élevage des reines est uniquement pratiqué à partir de larves provenant de reines inséminées artificiellement et qui appartiennent à des lignées testées pour leurs performances.  Pour ce contrôle, on élève quelques reines qui sont fécondées naturellement.  Une reine donnée n’est utilisée pour l’élevage qu’après son premier hivernage et le contrôle de la production printanière de ses colonies filles ; ces dernières doivent donner satisfaction à plus de 75 %.

1.2.  Conditions de l’élevage.

Un certain nombre de conditions doivent être remplies pour obtenir les meilleurs résultats.  En effet, le patrimoine génétique ne peut s’exprimer pleinement si les conditions suivantes ne sont pas respectées :

  • On ne peut pas produire du miel avec des reines qui doivent servir à l’élevage.  Une reine dont la ponte est limitée (nid à couvain sur 4 à 5 cadres) pond des œufs plus gros d’où éclosent des larves et des reines de plus grande vitalité.  Il faut se rendre compte que la reine à nid de couvain restreint ne pond qu’environ 300 œufs par jour au lieu de 2 000.
  • L’âge et la santé de la reine sont également des points très importants.  Une vieille grand-mère ne peut donner naissance à des descendants très vigoureux.  Ces dernières années, j’ai expérimenté avec différentes reines d’élevage, par exemple la reine B145(JG), inséminée artificiellement.  En cinquième année, les reines filles de la 145 étaient de petite constitution et le taux de fécondation de ces reines filles était tombé à moins de 70 %.  Par contre, les années précédentes, les reines descendant de la 145 étaient les plus grandes, les plus robustes de mon rucher et leur taux de fécondation, supérieur à 90 %, dépassait la moyenne du rucher.

Il n’y a pas de dégradation du matériel génétique, mais bien de la vitalité au cours de la vie de la reine.  Il est également vain d’élever des reines à partir des œufs d’une reine mère en cours de remérage (supersédure) ; en effet ces élevages ne donneront pas satisfaction (voir aussi à ce sujet les textes du Frère Adam).

Dans nos régions, au cours de certaines années, les reines qui éclosent en juin sont de petite taille, mi-abeilles, mi-reines.  Pourtant les cellules royales sont normalement soignées par les ouvrières, même dans les élevages avec des cellules royales plus nombreuses que d’ordinaire.  Un surplus de gelée royale se trouve dans les cellules, phénomène auquel on n’a pas encore trouvé d’explication.  Lors de discussions avec des apiculteurs de France et d’Allemagne, ceux-ci m’ont confirmé que ce phénomène existe aussi chez eux.  L’explication en est certainement que lors d’un butinage intense du miellat, les ouvrières délaissent l’élevage pour se consacrer principalement à la récolte du miel.  On sait, d’autre part, qu’au cours d’une année de miellée importante, les reines et les mâles produits sont en moyenne de moindre qualité qu’au cours des autres années.

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publié en français
par le Syndicat National d’Apiculture,
Paris
, 1990.
épuisé.
par Jos Guth
LU-5460 Trintange
Luxembourg