Jean-Marie Van Dyck — 2001 — Ouvrières pondeuses

Procédé sans faille pour remérer une colonie à ouvrières pondeuses

Procédé pour remérer les colonies à « ouvrières pondeuses »

Original dans
Abeilles et Cie,
83(juil-août), 2001, p15.
Article de Jean-Marie Van Dyck,
Biochemical Dept.
Facultés Univ. N-D de la Paix
Namur, Belgique

Les ouvrières pondeuses sont réellement une poisse dans un rucher.  Elles sont encore plus gênantes si vous faites de l’élevage de reines.  Quand vous détruisez une colonie bourdonneuse dans votre rucher, ne croyez pas que les abeilles qui la composent vont périr.  A part quelques jeunes abeilles (s’il en reste) encore incapables de voler, toutes les abeilles, plus ou moins individuellement, vont se chercher un nouvel habitat.  Et la plupart seront acceptées par les gardiennes des ruches voisines moyennant une attitude particulière.
 
Les ouvrières pondeuses sont, elles aussi, tout à fait capables de voler, mais peu d’entre elles passent le cap des gardiennes des ruches établies.  Elles peuvent cependant s’introduire dans une ruchette (type mini-plus, apidea ou autre), moins bien protégée … et elles tuent les très jeunes reines de ces nucléi.  Le peu de phéromones émises par ces jeunes reines, surtout les inséminées, ne les protègent pas encore assez efficacement.

Remérage d’une colonie contenant des ouvrières pondeuses

Il est évident qu’une colonie ne comportant plus que quelques abeilles ne vaut pas d’être conservée.  Secouez-les donc loin de votre élevage, auprès d’un rucher aux colonies établies.  Mais l’on peut trouver intéressant de conserver de puissantes colonies devenues orphelines puis bourdonneuses.

Depuis une vingtaine d’années, j’emploie un moyen, toujours avec succès.  Une seule fois, la reine introduite fut tuée, mais une autre reine était présente mea culpa !  Tous mes émules, y compris des suédois, sont unanimes : c’est facile ET cela marche !

J’ai trouvé cette méthode en expérimentant le procédé décrit par le Dr Wallon, et préconisé depuis par ses disciples.  M. Hector Wallon, apiculteur et médecin, avait conçu et décrit une théorie pour expliquer l’action de substances hypothétiques qu’il appela sexoclasines.  Sur les colonies bourdonneuses, il utilisait l’extrait alcoolique d’ovules de pavot pour favoriser leur remérage (voir La Belgique Apicole 25(3) 1961 pp. 51-56).

Le processus que je vous propose aujourd’hui, dérivé de ces expériences, est extrêmement simple.  Il ne nécessite aucun équipement compliqué, aucune manipulation de cadres, ni d’abeilles.  Ce que je vais décrire pourrait être modifié quelque peu.  On pourrait notamment probablement être moins strict sur l’état de la reine, ou même utiliser une reine vierge ou des cellules royales.  Mais réalisé comme je vous le décris, le résultat est garanti à 100 %.

Le matériel nécessaire

  • Une colonie sans reine avec des ouvrières pondeuses.
  • Une reine en ponte, quelles que soient ses qualités, que l’on retire de sa colonie juste avant ce traitement.  II est déconseillé d’utiliser une reine ayant voyagé ou bloquée dans une cage depuis un jour ou deux.  Aucune importance sur les qualités de cette reine, mais il est réellement préférable de ne pas employer une reine trop jeune, dont la ponte n’est pas bien établie (au moins 2 mois de ponte).  Personnellement, j’utilise d’habitude certaines reines d’un an ou plus que je garde pour cela (reines donnant des abeilles destinées à créer des nuclei).  Sauf si c’est une reine battant le record de longévité, la plus vieille reine du rucher convient très bien.
  • Une cage à reine avec un peu de candi.
  • Un sachet de plastique de dimension convenable pour y placer le point suivant.
  • Deux cartons, dessous de verre à bière, ou équivalent en papier absorbant que l’on imprégnera avec le liquide ci-dessous.
  • De l’alcool de 20 à 40 %, la concentration ne semble pas avoir beaucoup d’importance, ça marche avec de l’alcool simple, mais aussi avec du Genièvre, Gin, Schnaps, Whisky et autres Bourbon ou Cognac.  On peut aussi en garder quelques gouttes pour l’opérateur, mais ce n’est pas réellement essentiel pour réussir.

C’est tout, et donc à la portée de tout le monde.

La méthode à suivre : Voici exactement ce que je fais …

Travailler généralement à la fin de la journée (j’essaie d’ailleurs, autant que possible, de manipuler les abeilles à la fin de la journée).

  • S’assurer que la colonie EST SANS REINE : si ce n’est pas le cas, aucun problème, ce sera l’échec et la perte de la reine introduite.
  • Encager la reine pondeuse (clapet d’ouverture ouvert) avec un bouchon d’environ 10 à 15 mm de candi.  La reine peut être seule ou accompagnée de 4 ou 5 jeunes ouvrières de sa colonie.  Cette cage est maintenue au chaud (dans la poche de ma chemise).
  • Placer deux cartons épais (type carton à bière ou papier absorbant) dans le petit sac plastique.  Verser 20 à 30 ml de l’alcool choisi dans le sac de plastique et laisser bien imprégner les cartons.  (Ne pas boire le reste maintenant, ce n’est pas fini !)
  • Ouvrir la colonie bourdonneuse, enfumer gentiment, s’il vous plaît (ne jamais trop enfumer, d’ailleurs !).
  • Déposer les cartons bien imbibés sur le sommet des cadres, près du nid à couvain.
  • Petit coup de fumée.  Coincer la cage entre deux cadres de couvain et entre les cartons.
  • Fermer la ruche.  C’est fini.

Il est possible de voir la reine sur son cadre le lendemain, mais je préfère ne regarder que le surlendemain.  Après une semaine de ponte normale, vous pourrez faire n’importe quoi avec cette colonie.  Mais agissez sans oublier qu’il ne reste que très peu de jeunes ouvrières dans cette ruche.  L’introduction d’un cadre de couvain naissant permet d’y pallier.

Voilà donc le procédé : très simple et garanti sans faille s’il est correctement effectué. Essayez-le à la prochaine occasion et n’hésitez pas à en parler autour de vous.

Original dans
Abeilles et Cie,
83(juil-août), 2001, p15.
Article de Jean-Marie Van Dyck,
Biochemical Dept.
Facultés Univ. N-D de la Paix
Namur, Belgique

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