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Belg.Apic. 25(6) 1961 p161-163

Mode d’installation des ruchers

Ensuite, Frère Adam traite de la question : rucher couvert ou ruches en plein air.  Il accorde sa préférence à ces dernières, notamment parce que les ruches étant moins rapprochées, la dérive est peu importante, et les dangers de propagation des maladies, moins grands.  La disposition des ruches en ligne, dit-il, présente les mêmes inconvénients.  Depuis 1922, il place ses ruches par groupes de quatre, chacune d’elles ayant sa planche d’envol orientée différemment.  Frère Adam n’a jamais constaté des différences de rendement de récolte, mais, par contre, moins d’empoignades devant le trou de vol et pas de reines emballées par suite d’erreur de vol.  Chaque groupe de quatre ruches est installé comme suit, à bonne distance l’une de l’autre : un socle commun pour deux ruches éloignées l’une de l’autre de 20 centimètres, les deux socles eux-mêmes placés de façon à ménager un couloir de 70 centimètres entre chacun des groupes de deux ruches du même socle.  Le niveau du haut des ruches à environ 60 centimètres du sol facilite les travaux à exécuter aux ruches au cours de l’année.  Et il poursuit comme suit :

A nos débuts, nous installions jusqu’à 100 ruches sur un même emplacement; actuellement nous n’en groupons que 40 au maximum.  Les 320 ruches de rapport sont dispersées en neuf endroits différents, en tenant compte de la nature du sol et des possibilités de miellée.  Mais pour chacun d’eux, la miellée principale est fournie par le trèfle blanc et la bruyère.

Méthode de conduite des ruches

Abordant la question de la conduite des ruches, Frère Adam émet diverses considérations dont nous retenons les suivantes :

Certes, s’il nous était possible de prévoir le temps avec une certaine certitude, des interventions hardies de l’apiculteur seraient justifiées et utiles pour le rendement économique du rucher.  Mais nos prévisions du temps sont douteuses, aléatoires; l’apiculteur, tout au moins le professionnel, ne peut se baser sur pareils éléments.  Dans le sud Devonshire les possibilités de récolte sont, en fait, réduites au trèfle blanc c’est chez nous que l’on enregistre les plus fortes chutes de pluie.

L’apiculteur doit déterminer son mode d’exploitation en vue de s’assurer un rapport continu, sans égard autant que possible aux facteurs occasionnels.  Bien que notre rucher soit exploité de façon intensive, notre méthode est basée sur les principes les plus simples et les plus élémentaires, tout en évitant tout travail qui ne soit pas strictement nécessaire.  Il est vraiment étonnant de constater combien l’apiculteur a peu de possibilités d’intervenir positivement dans l’intérêt des abeilles et en conséquence peu d’influence sur le résultat final.  „

Les travaux de saison

Du début d’octobre au premier mars, nous abandonnons nos abeilles à leur sort; la saison d’hiver se passe souvent sans que j’aille jeter un coup d’œil aux ruches. En automne, elles ont toutes été bien approvisionnées, principalement en miel.  Aucun souci à avoir pour celles dont le toit a été attaché au socle à l’aide d’un fil de fer; elles peuvent affronter les pires tempêtes.

Au début de mars, nous commençons le nettoyage des planchers des ruches et en profitons pour jeter un coup d’œil furtif sur l’état des populations.  Comme nous l’avons dit, nos ruchers comportent environ quarante colonies, aussi avons-nous un stock sérieux de planchers de rechange.

Chaque matin, nous allons à l’une ou l’autre de nos installations et y procédons au remplacement des planchers souillés.  Ceux-ci sont ramenés pour être nettoyés à l’eau bouillante et séchés au cours de la nuit.  L’opération est ordinairement terminée à la mi-mars.  A ce moment, la température extérieure est, chez nous, suffisamment réchauffée pour permettre une rapide visite des ruches et la réduction du nombre des cadres, en ne laissant que ceux qui sont bien couverts d’abeilles.  Il est pris note de la force de chaque colonie.  D’après ces indications nous calculons la force moyenne de chacun des ruchers et savons ainsi ceux qui sont soit trop faibles, soit trop vigoureux.  Sur la base de ces données, nous pourrons procéder à l’égalisation des populations, quelques semaines tard, fin mars, simultanément avec le renouvellement des reines.

Pour cette dernière opération, la plupart des reines doivent avoir été choisies en temps voulu de façon à effectuer égalisation et renouvellement en même temps.  Naturellement, une égalisation du nombre des cadres n’est possible à cette date que si l’on dispose de plusieurs ruchers, les abeilles et le couvain en surnombre sont transférés dans les ruches d’un autre rucher; ainsi aucune crainte de retour des abeilles à la souche sur laquelle elles ont été prélevées et l’égalisation est réalisée dans les conditions les plus efficaces.  Je considère cette opération, effectuée à cette époque de l’année, comme une des plus importantes, les avantages en sont multiples tant au point de vue de la technique de la conduite de ruches qu’à celui de son exploitation commerciale.

Pendant la période subséquente, nous traitons chacune d’elles comme une unité.  Lorsque nous constatons que l’une d’elles doit pouvoir disposer de plus d’espace pour sa croissance, le même besoin existe chez les autres.  Cela simplifie de beaucoup le service de chaque rucher.  Rien ne cause plus de travail et de perte de temps dans une grande exploitation que des populations qui, d’après la moyenne, sont ou trop fortes ou trop faibles pendant le stade de leur développement, avant la grande miellée.  Les ruchées faibles, abandonnées à elles-mêmes, n’atteignent pas la force nécessaire pour le moment de la récolte et s’accroissent souvent grâce aux apports de celle-ci.  Par contre, les ruchées trop développées dépensent souvent leur force par un essaimage inutile, bien avant que débute la miellée.

Cette égalisation des populations se révèle avantageuse aussi pour le profit pécuniaire de l’exploitation.  La réflexion, confirmée par la pratique, apporte la preuve que, par cette méthode d’égalisation, la totalité des forces des populations doit être, au moment de la grande miellée, supérieure – et en réalité, elle l’est – à celle qu’elles auraient eue sans l’égalisation.  Ce fait apparaît de façon évidente dans le résultat final de la récolte.